Hong Kong, Pékin, Shanghai : trois visions de la Chine
La Chine : près de 1,4 milliards d’habitants, une superficie immense, le deuxième PIB mondial… L’Empire du Milieu a tout d’un continent. Sa puissance réside essentiellement dans ses régions littorales, cœur économique, financier et politique de la Chine. Et à l’intérieur de cet espace, trois métropoles de rang mondial s’affrontent : Hong Kong, Pékin et Shanghai. Trois villes qui symbolisent trois visions de la Chine bien différentes…
Hong Kong tout d’abord. Situé sur la Rivière des Perles, la ville, qui compte seulement sept millions d’habitants, a longtemps appartenu à la couronne britannique. Pendant 99 ans et jusqu’en 1997, Londres dirige les affaires d’Hong Kong qui constitue alors une porte d’entrée privilégiée pour les intérêts britanniques et occidentaux : l’anglais reste une des deux langues officielles d’Hong Kong avec le cantonais. Elle est aujourd’hui une des quatre Régions Administratives Spécialisées (RAS) de Chine et reste une place majeure du commerce chinois. Hong Kong acquiert également sa particularité par son ascension précoce en Asie en devenant très tôt, avant le réveil du géant chinois, l’équivalent d’un NPI. L’impact de l’étranger y été plus précoce et plus pressant, influençant les logiques et administratives de la ville : ouverte sur le monde, Hong Kong est alors une ville extravertie symbole d’un libéralisme économique longtemps inconnu du reste de la Chine.
A l’opposé, Pékin symbolise le pouvoir politique et centralisateur de la Chine. Capitale administrative, c’est là que le Parti Communiste Chinois dirige tous les organes du pays. Davantage qu’un pôle économique, Pékin est le lieu d’expression de la puissance chinoise. C’est pour cela que Pékin est la ville des principales manifestations chinoises : les Jeux Olympiques d’été de 2008 en sont la preuve. Les événements de la place Tien An Men en 1989 en sont une autre expression. C’est alors que l’on ressent l’influence du Parti dans la ville où l’autorité et la répression surviennent dès que le besoin s’en fait sentir. Il n’en demeure pas moins que la ville est la première ville post-industrielle du pays et la deuxième d’Asie après Pékin en ce qui concerne le nombre de sièges sociaux de grandes entreprises.
Shanghai, quant à elle, connut un sort plus particulier encore. Longtemps convoitée par l’étranger, puis délibérément pénalisée économiquement par rapport à la capitale, Pékin, la ville a perdu son avance en matière d’industrie depuis le milieu du XX° siècle, où elle produisait près du quart de la production industrielle chinoise contre à peine 5% en 2000. Jiang Zemin, ancien maire de la ville puis Président de la République Populaire de Chine (RPC), joua un rôle important dans le renouveau de Shanghai. Aujourd’hui plus grande ville chinoise, Shanghai se construit autour de la finance, et le tout nouveau quartier de Pudong, le « Manhattan de Shanghai », doit lui permettre de se développer encore davantage et de dépasser sa rivale, Hong Kong, dont l’expérience dans le secteur bancaire n’est plus à démontrer. Enfin, Shanghai est une porte d’entrée et de sortie majeure de la Chine, 20% des exportations du pays transitant par la ville.